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  1/2 Le radiotéléscope d’Arecibo dans la tourmente budgétaire

lundi 17 septembre 2007, par domi

L’article suivant est la traduction d’un message d’Eric Korpela posté sur le Blog de l’équipe du projet SETI@home.

Certains d’entre vous en ont sans doute eu connaissance sur les autres parties du forum SETI, un article relatif à la crise du financement par le NSF de l’Observatoire d’Arecibo (et, peut-être, de la radio-astronomie en général) a été publié la semaine dernière dans le Washington Post. Je voudrais juste vous faire savoir que nous sommes informés de la situation et nous avons l’intention de nous battre pour l’avenir d’Arecibo.

Dan et quelques autres personnes avec lesquels je travaille étaient cette semaine à Washington pour assister à une réunion en vue de débattre sur l’avenir scientifique d’Arecibo. L’observatoire a des possibilités uniques, principalement en raison de sa taille. L’Allen Telescope Array (ATA) compte actuellement 42 antennes (tous ne sont pas encore opérationnelles), mais la surface de réception combinée de ces antennes paraboliques ne représente que 1,5% de la surface du radiotélescope d’Arecibo. Si les financements pour la construction de 40 antennes paraboliques supplémentaires étaient consentis, cela ne représenterait que 3% de la surface réceptrice d’Arecibo. Même le projet initial de 300 antennes (dont la réalisation n’est pas prête de voir le jour) ne représenterait qu’une petite fraction de la surface réceptrice d’Arecibo. La puissance d’ATA vient de sa capacité à se concentrer vers de plus petits secteurs du ciel, ce qui fait de lui un excellent instrument pour rechercher des signaux provenant d’une étoile particulière, mais aussi un instrument inadapté pour sonder de larges portions du ciel comme c’est le cas sur SETI@home. Il faudra alors attendre que le Square Kilometer Array soit pleinement opérationnel (prévu pour 2020, mais qui sait) pour que les capacités d’Arecibo soient surpassées.

Quel est la source du problème de financement ? Principalement une combinaison de budgets pour la recherche en astronomie en berne et de nouveaux instruments onéreux. Le budget pour l’astronomie de la National Science Foundation est environ de 200 millions de dollars par an, et l’année précédente, le budget pour Arecibo était environ de 10 millions de dollars. Ni l’un ni l’autre de ces chiffres ne constitue un marché de dupe, et je ne vais pas non plus le prétendre. Si le NSF n’obtient pas une augmentation de budget pour l’astronomie et ne ferme pas quelques équipements, il en résultera un déficit de 30 millions de dollars, ainsi Arecibo n’est pas le seul équipement à être inquiété.

Ce qui différencie Arecibo de la plupart des autres équipements est que ces derniers sont situés dans des Etats américains, alors qu’Arecibo est situé dans un protectorat des États-Unis. Porto Rico n’a aucun sénateur pour aider à sauvegarder les allocations budgétaires. Il a des représentants, mais j’ai récemment vérifié, leurs représentants n’élisent pas de membres au congrès.

D’autre part, il y a les Observatoires Nationaux de Radio Astronomie (NRAO) qui ont des équipements en Virginie Occidentale (circonscription du sénateur Byrd) et au Nouveau-Mexique (circonscription du sénateur Domenici). Arecibo ne fait pas partie des NRAO. Il y a quelques années le directeur des NRAO a appelé ses sénateurs et leur a déclaré que les NRAO avaient besoin de 2 millions de dollars supplémentaires par rapport à ce que le NSF allait leur accorder. Ainsi Byrd et Domenici ont affecté 4 millions de dollars (oui 4 millions de dollars) de financements supplémentaires pour les NRAO. Naturellement, cet argent venait d’un autre poste du budget astronomie du NSF. C’est à ce moment là que le budget d’Arecibo a été réduit de 2 millions de dollars. Je ne sais pas quel était la provenance des 2 autres millions.

Le directeur de la Planetary Society a indiqué, dans l’article du Washnigton Post, qu’une allocation pourrait être une bonne alternative pour maintenir Arecibo en vie. Je n’en suis pas aussi sûr, étant donné que quel que soit l’argent affecté à Arecibo, il viendra d’un autre programme d’astronomie. Une meilleure solution serait d’augmenter de 15% (en dollars constants) le budget astronomie du NSF au cours des 5 années à venir.

Je discuterais la semaine prochaine avec les personnes qui ont assisté à la réunion. J’ai déjà écrit à mes sénateurs et membres du Congrès et j’ai utilisé quelques circuits détournés pour avertir de la situation la commission des crédits de la Chambre des représentants (House Appropriations Committee). Elle pourrait probablement aider si vous leurs écrivez également. Nous pourrons organiser prochainement une campagne d’envois de lettre pour aider à relayer notre point de vue au travers du congrès, mais ce n’est pas la peine d’attendre cela. Les lettres fonctionnent mieux que les email, et si vous prévoyez de voyager à Washington DC, les visites personnelles fonctionnent encore mieux.

Pour ceux d’entre vous vivant en dehors des États-Unis, si nos efforts échouent, il devrait rester la possibilité d’une coopération internationale pour financer Arecibo. Si le gouvernement des États-Unis n’en veut pas, peut-être que ce n’est pas le cas pour l’Union Européenne. Nous vous ferons savoir ce qu’il en est.